Alors que le lieu du futur centre de conservation des collections de la BnF vient d’être annoncé (Amiens), la CGT souhaite rappeler que ce projet va entraîner la fermeture des sites de Bussy-Saint-Georges et Sablé-sur-Sarthe où près de 70 collègues travaillent et qui vont devoir d’ici 2028 faire des choix difficiles tant professionnels que familiaux (voir notre précédent article : ici).
Contrairement au discours officiel justifiant ce projet comme étant uniquement la conséquence d’une saturation des magasins contenant les collections de la bibliothèque, la CGT affirme que d’autres logiques sont également à l’œuvre. La BnF sur injonction de l’État doit en effet libérer des locaux sur Paris conservant des collection patrimoniales afin de les vendre ou de les louer et ainsi générer des revenus. Dans le viseur, le bâtiment situé square Louvois (bâtiment accueillant le département de la Musique et ses fonds) et plusieurs étages de la Bibliothèque François Mitterrand.
Financer le nouveau centre avec la vente des « bijoux de famille »
Le coût du projet est estimé entre 90 et 100 millions d’euros (la région Hauts-de-France, le département de la Somme et la ville d’Amiens s’engagent sur environ 40 millions, le Ministère de la culture pour 30 millions, le reste pour la BnF, soit environ 25 millions d’euros). L’ établissement doit donc trouver une somme considérable afin de contribuer au financement de ce nouveau site. Pour mémoire, le coût de l’extension du centre de Bussy, initialement envisagée, était estimé à 30 millions d’euros.
Le Fonds de dotation de la BnF créé en 2015 sera sollicité. C’est une structure de droit privé qui permet de constituer un capital financier alimenté par des dons, legs, etc. et qui génère des revenus destinés à la recherche, aux acquisitions, à la restauration, à la rénovation des sites patrimoniaux, etc. de la bibliothèque.
Le fonds est aujourd’hui doté de 2,4 millions d’euros provenant principalement des legs Pigott et Pasteur Vallery-Radot. En plus des dons et legs, la direction souhaite verser au fonds les produits de cession de ces biens immobiliers pour financer le futur centre de conservation. Sur la liste des ventes à venir : le bâtiment de la rue Colbert, Louvois (bâtiment du département de la Musique dont l’intégration au sein du quadrilatère Richelieu va entraîner par manque de place la délocalisation de 40% des collections conservées dans les deux structures), le château de Sablé. Le devenir de Bussy est dans l’expectative et dépend des négociations avec le CTLES (vente, location ?).
Selon le plan de financement du futur centre de conservation, la vente des biens immobiliers de la BnF est estimé à 20 millions d’euros.
Derrière le projet du centre de conservation, la menace de la spéculation immobilière
Outre la vente des biens immobiliers jugés « non essentiels », il est question de « l’optimisation et de la valorisation économique » des sites pérennes (les termes entre guillemets sont issus des documents officiels, à savoir le SPSI Schéma pluriannuel de stratégie immobilière et le SDI Schéma directeur immobilier). Cette logique, la bibliothèque la connait déjà avec les cessions de plusieurs espaces sur le site François Mitterrand à deux entreprises extérieures, Climespace et MK2 (baux de longues durées).
La localisation et les caractéristiques des sites font de la bibliothèque François Mitterrand à Tolbiac mais aussi de la bibliothèque de l’Arsenal des locaux à « fort potentiel » (Richelieu est exclu car les espaces y sont extrêmement contraints à cause de l’intégration des collections du Département de la musique). Ainsi sur François Mitterrand, les étages libérés par les collections délocalisées dans le futur centre de conservation seraient loués à des entreprises ou pour des activités de recherche. Le projet d’aménager les locaux vacants pour les personnels de magasinage reste inscrit dans le Schéma directeur immobilier mais pour combien de temps face à la spéculation immobilière et aux besoins de financement de la BnF ?
Quant à l’Arsenal, avec un bâtiment à haute valeur patrimoniale, bénéficiant d’une localisation stratégique dans Paris et au sein d’un quartier en mutation, il est également proposé une « valorisation économique accrue ».
Des conséquences pour l’ensemble de la bibliothèque
La vente des biens immobiliers considérés comme « non essentiels » et la « valorisation économique » des sites pérennes sont donc bien engagées et encouragées par les ministères de tutelles dans un contexte de restrictions budgétaires durables et faisant suite à la rénovation de Richelieu. On comprend alors l’unisson et l’empressement des autorités ministérielles pour exhorter l’établissement à trouver des crédits afin de financer son projet bâtimentaire.
Le choix de construire un futur centre technique doté d’un projet totalement nouveau n’est pas sans conséquence sur le reste de l’établissement. Financièrement, on peut s’interroger sur la capacité de la BnF à réunir environ 25 millions d’euros d’ici 7 ans même en vendant une partie de son patrimoine immobilier. Sans compter, les coûts de fonctionnement du futur centre, plus ceux des travaux à réaliser dans les espaces libérés à François Mitterrand. Doit-on encore s’attendre à des plans d’économies ?
Plus inquiétant pour les personnels, la délocalisation de plusieurs services à Amiens est posée et fait l’objet de scénarios. Outre les personnels des sites de Bussy et Sablé qui vont devoir trouver une nouvelle affectation, la question de la pérennité du Service de la presse (DEP) à Tolbiac est soulevée alors qu’une grande partie de ses collections vont déménager vers le nouveau site. De même, une étude du Département de la conservation envisage le transfert de 60% des ateliers de conservation/restauration et numérisation à Amiens. Même chose du côté des services de conservation de la Direction des collections, en particulier l’atelier de restauration audiovisuelle.
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