Une envolée complètement inédite des dividendes. En 30 ans, nous sommes passés en France, pour les sociétés non financières, de 6,9 milliards d’euros à 247,6 milliards. Leur montant a donc été multiplié par 36 quand la masse salariale ne l’était que par 4,5. Un rythme de croissance huit fois moins rapide. Mieux (ou pire), ils n’ont guère eu à souffrir de la crise puisque nombre de grandes entreprises distribuent toujours des sommes mirobolantes, quels que soient leurs résultats.
Par exemple, ArcelorMittal, après avoir fermé Florange, a-t-il versé 910 millions de dividendes à ses actionnaires en 2012 malgré une perte de 2,8 milliards d’euros. Quant à Orange, il a versé, l’an passé, en dividendes 3,6 milliards d’euros, plus de trois fois le montant de ses bénéfices. En dix ans, c’est 27 milliards d’euros que le principal opérateur de téléphonie a distribué à ses actionnaires. Soit plus que la capitalisation boursière actuelle.
Ainsi, sommée de tout faire pour servir une rémunération élevée à ses actionnaires, l’entreprise se trouve confrontée à la norme énoncée par le marché : servir chaque année un retour sur capitaux propres à deux chiffres (15% de retour sur investissement). Une norme initiée par les fonds de pension pour servir des retraites correctes à leurs mandants. Cette performance exerce sur les entreprises une pression considérable. S’y soustraire, c’est en effet prendre le risque de voir les fonds de pension et autres fonds d’investissement se désengager, la demande pour le titre de l’entreprise baisser et la valeur boursière faire de même.
Problème, la norme peut se révéler inatteignable. Elle exige en effet des entreprises et de leurs dirigeants qu’ils se concentrent uniquement sur les activités les plus rentables. Ainsi, les activités existantes ne générant que 6 ou 7 % annuels de retours sur capitaux sont susceptibles d’être abandonnées ou bradée si elles « handicapent » la rentabilité globale de l’entreprise. Pire, tout projet d’investissement nouveau sera passé au crible et seuls les plus rentables seront mis en œuvre. Quant au travail, il n’est plus considéré que comme un coût et une variable financière comme une autre : on licencie aussi désormais pour soutenir le cours de bourse.
La CGT réaffirme le besoin urgent de revaloriser significativement les salaires, les minima sociaux, les traitements et les pensions. Il est urgent d’arrêter l’accompagnement de la spéculation et de privilégier la rémunération du travail.
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