Une centaine d’agents de la BnF ont envahi le Conseil d’administration le 23 nov. pour faire pression sur le ministère de la Culture et des Finances (les tutelles de la BnF) qui y siègent afin d’obtenir plus de moyens pour la bibliothèque (missions, emplois, primes).
Le 23 octobre, la CGT était reçue par la direction du ministère de la Culture et nous apprenions que la prime de pouvoir d’achat n’était toujours pas financée tout comme les crédits pour combler le déficit de la BnF (évalué à 11,06 millions en juin). Le ministère attendait un retour de Bercy.
Pendant un mois, la CGT est intervenue auprès du ministère et a préparé la mobilisation des personnels, rejointe par la FSU et SUD, afin de faire pression sur les tutelles de la BnF.
La BnF pour fonctionner a du réaliser des coupes dans ses budgets et ponctionner toujours plus massivement dans ses réserves financières (le fonds de roulement) bien au-delà du seuil prudentiel défini par les règles de comptabilité publique (voir ici).
L’accord de Bercy a été tellement long à obtenir qu’Il a fallu attendre le 20 novembre, soit 3 jours avant la tenue du Conseil d’administration pour que la BnF puisse informer les agents que la prime de pouvoir d’achat serait bien versée et les déficits résorbés par une subvention exceptionnelle. C’est une première victoire.
Les documents budgétaires transmis aux représentants du personnel pour le CA du 23 novembre révèlent :
Les personnels devant le Conseil d’administration
Mesdames et messieurs les administratrices et administrateurs,
Si nous sommes là aujourd’hui une nouvelle fois c’est que nous tenons à vous faire part des difficultés et des mécontentements des personnels de la bibliothèque.
Depuis plusieurs années, les préavis de grève se succèdent et des centaines d’agents ont cessé le travail pour dénoncer les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.
Les conséquences de plus de 300 suppressions de postes et de l’insuffisance des budgets mettent à mal l’accomplissement des missions de l’établissement, alors que celles-ci ne cessent d’augmenter. Sous la contrainte budgétaire, la bibliothèque doit sans cesse se réorganiser afin de réaliser des économies et trouver les moyens de son fonctionnement. La réforme du service public en mai 2022 restreignant l’accès aux documents patrimoniaux pour les lecteurs et menée contre l’avis des personnels et des usagers n’est que le résultat de ce manque de moyens. Toujours par manque de personnels, 50000 ouvrages du Dépôt légal vont être envoyés en magasins sans description bibliographique abaissant encore davantage la qualité du service au public.
S’agissant des emplois, le gel des postes et le freinage sur les recrutements attestent des problèmes budgétaires et fragilisent encore davantage les collectifs de travail. On assiste par ailleurs à une contractualisation des emplois, souvent synonyme de précarité. Ainsi, les contrats précaires pour les « vacataires » de service public sont redevenus la règle, avec des contrats d’un an sur des quotités horaires de misère (60h par mois) au lieu de CDI à 110h. Dans le même temps, la direction rejette toute politique en faveur de l’emploi titulaire en limitant l’utilisation des postes en sortie de concours. Le récent exemple de la filière métiers d’art est éclairant. Alors que le Ministère de la Culture prévoit d’ouvrir des concours sur 3 ans, la BnF regarde passer le train en dépit des nombreux départs en retraite attendus sur ces métiers.
Ces multiples difficultés ont des conséquences graves sur les conditions de travail des personnels. On ne compte plus les tensions dans les équipes, les contraintes, la surcharge de travail, le stress et les cas de souffrance au travail. La récente réforme du service public en RDJ à François Mitterrand a fortement dégradé les conditions de travail des magasiniers et le service rendu aux lecteurs. Pour ces raisons, il est nécessaire d’appeler rapidement et entièrement la liste complémentaire du dernier recrutement de magasiniers soit 34 postes supplémentaires.
Il faut ajouter le fort sentiment d’iniquité des personnels au sujet des rémunérations et en particulier des primes. La BnF est un des seuls grands établissements du Ministère de la culture où la prime d’ancienneté (dite de rééchelonnement) n’est pas mise en œuvre, soit disant par manque de budget, le Ministère de la culture et la BnF se renvoyant la balle sur le dos des agents. Cela n’a que trop duré, les personnels de la bibliothèque sont-ils moins considérés que leurs collègues du Ministère ? Cette prime doit être versée, c’est une question d’égalité de traitement et de reconnaissance de l’investissement des agents.
Devant les difficultés financières de l’établissement, nos organisations syndicales et les personnels attendent des engagements forts qui passent par le renforcement des moyens budgétaires à hauteur des besoins réels, ceux-ci étant en augmentation. Nous rappelons qu’en euros constants, la BnF a perdu 12 millions d’euros en 10 ans. Enfin, s’agissant des emplois, la bibliothèque a besoin de création de postes, notamment de titulaires et la direction doit cesser le recrutement d’emplois précaires et s’engager à stabiliser les agents contractuels avec des CDI.
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