Depuis la réouverture complète du site Richelieu, les privatisations d’espaces, les manifestations et les événements se succèdent à un rythme élevé entraînant de multiples désagréments. Même la DCO s’en plaint : « la DCO devrait être mieux informée des événements liés au mécénat qui entrent parfois en conflit avec des chantiers internes et les transferts d’œuvres » (extrait d’un compte rendu de département à Richelieu).
Les privatisations de la salle Ovale (location des espaces par des entreprises essentiellement de luxe pour leurs tournages, défilés, cocktails, partenariats BnF-extérieur…) ont lieu plusieurs fois par mois les lundis (jours de fermeture de la salle) ou en soirée après la fermeture des lieux aux publics habituels. Les publics de la salle ne sont donc en principe pas lésés par des fermetures anticipées.
Cette salle est perçue par les clients non comme un lieu d’étude mais comme un écrin devant correspondre en tout point aux vues des stylistes et des scénographes. Le mobilier non amovible peut être entièrement recouvert et les caractéristiques d’une bibliothèque masquées. Les collègues sont donc régulièrement sollicité·es pour retirer les présentoirs de livres. C’est d’ailleurs lors d’une de ces interventions qu’un grave accident du travail s’est produit en mars 2024 (une enquête est en cours).
La salle étant modulable et les transformations demandées parfois considérables, ces événements impliquent un important travail de maintenance et de manutention pour la cellule mobilier du DMT (constituée de 3 collègues) : interventions physiques réalisées dans des délais courts, souvent à des horaires atypiques (tôt le matin et tard le soir). Cette activité supplémentaire s’ajoute aux tâches internes liées au mobilier du reste de la bibliothèque et demande une parfaite préparation en amont afin d’éviter les difficultés et les accidents, en particulier les problèmes de co-activité avec des personnes extérieures telles que les prestataires des clients.
D’autres espaces du site peuvent aussi être privatisés comme la Cour d’honneur ou la Cour Tubeuf et les collections sont elles-mêmes concernées. La délégation au mécénat organise des manifestations ou des visites privées avec des sociétés, des maisons de couture, etc. où il est demandé aux agents de la bibliothèque de sortir des magasins des documents patrimoniaux souvent exceptionnels et précieux (ouvrages, objets, costumes, manuscrits, estampes, etc.). Cela demande des préparations et des déplacements par navette de collections entre sites pour des personnels de toutes catégories, dont la fiche de poste ne mentionne aucunement des tâches de valorisation et animation dans l’événementiel. Une ou deux personnes sont en outre mobilisées afin de répondre aux visiteurs. Malgré la charge de travail et le manque de temps, les départements se sentent obligés de répondre et de s’investir car sont en jeu des sommes importantes, pour le financement de restaurations ou d’acquisitions patrimoniales par exemple
Le site paraît de plus en plus conçu par la direction comme un équipement prestigieux à rentabiliser via la location onéreuse ou via une utilisation événementielle (voir le nombre de jours de fermeture du site aux publics et aux agents à l’occasion d’une visite présidentielle, ministérielle ou princière… ). Ce n’est apparemment pas un problème de fermer Richelieu dans certains cas. De façon générale, les publics et les usagers comme les personnels sont peu respectés dans leur travail et leurs déplacements dans les lieux (va et vient des prestataires, occupation des espaces, etc.).
Il faut dire que les recettes générées par la valorisation du domaine (sic.) deviennent significatives depuis l’ouverture complète de Richelieu. En 2020, celles-ci s’élevaient à 3,4 millions d’euros et en 2023 à 5,1 millions d’euros soit 50% d’augmentation avec la réouverture du site.
Ces recettes ne s’ajoutent pas aux budgets de l’établissement, au contraire elles justifient le désengagement du ministère d’un point de vue budgétaire !
La privatisation des espaces de la BnF est une dérive de plus et la conséquence d’une décennie de restrictions budgétaires alors que le périmètre des missions de la bibliothèque ne fait qu’augmenter.
La CGT-BnF réclame l’arrêt de la marchandisation et de la privatisation et du domaine public à quelques riches privilégiés, le respect des missions de service public de notre établissement et la hausse de la subvention de l’Etat.
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