Madame la Présidente,

Nous sommes relieurs, doreurs, restaurateurs, photographes, installateurs-monteurs d’objets d’art, personnel des métiers d’art travaillant dans les ateliers de la BnF, au sein de la Direction des Collections et de la Direction des Services et Réseaux.

Au plus près des collections patrimoniales de la BnF, dans des ateliers sur sites (Richelieu, Arsenal, Tolbiac) et dans les centres techniques  (Bussy, Sablé), nous faisons vivre les missions fondamentales de notre établissement : conserver, relier, restaurer, monter, apporter notre connaissance matérielle pour décrire les œuvres, former, rendre accessibles les collections au plus grand nombre par la reproduction et les expositions.

Nous sommes particulièrement réactifs dans le traitement des collections en vue d’expositions, dont le rythme s’est accéléré ces dernières années. Nous maintenons un savoir-faire adapté à nos collections avec un personnel présent sur un temps long et une transmission interne des savoir-faire. Ceci constitue une précieuse culture de maison.

L’automne dernier, nous vous remettions une pétition signée par une centaine d’agents, soit la quasi totalité des personnels des ateliers et services de tous les sites, concernant notre inquiétude pour le devenir de nos métiers et vous alerter sur un état très dégradé de nos effectifs, avec de nombreux départs en retraite non remplacés de ces 15 dernières années. Nous vous alertions aussi sur l’injustice du non versement de la prime d’ancienneté promise aux personnels du ministère de la Culture depuis juin 2021.

Lors de notre rencontre, vous aviez affirmé que l’avenir des métiers d’art faisait l’objet d’une attention particulière de la part de l’établissement et que ce sujet était inscrit dans le Contrat d’objectif et de performance de la bibliothèque. Vous aviez aussi évoqué un « plan métiers d’arts » pour l’établissement. Quel est concrètement ce plan en termes d’espaces (localisations des ateliers, maintien des ateliers dits de proximité, dont certains ont déjà disparu) d’activités et d’effectifs, d’organisation hiérarchique? Le plan se résume-t-il à la création d’un « pôle conservation » à Amiens avec les postes récupérés de la fermeture des sites Bussy et Sablé ? Le transfert prévu de l’activité « reliure » de l’atelier de Tolbiac qui occupe 6 postes actuellement va-t-elle s’ajouter aux postes récupérés ou se déduire? Autrement dit, Tolbiac conservera-t-il ces 6 postes?

Le 7 décembre, nous étions également nombreux, mobilisés parmi les 200 collègues de la filière métiers d’art du ministère de la Culture, venus interpeller Mme Rima Abdul Malak au ministère afin d’obtenir l’ouverture massive de postes au concours dans nos nombreuses spécialités.

Malgré votre assurance d’intérêt et la volonté du ministère de la Culture de mettre en place pour les métiers d’art d’une « organisation massive de concours de recrutement pour les 3 prochaines années », la BnF n’a demandé au final que 4 ouvertures de postes.

Nous vous avons transmis cet automne un tableau recensant  23 départs en retraite d’ici 2026 et l’emploi actuel de 27 contractuels qui occupent des postes de la filière métiers d’art. Par votre refus depuis de nombreuses années de demander des postes au ministère dans nos spécialités, vous participez à l’extinction d’une filière de professionnels à l’échelle nationale car les concours ne sont ouverts qu’à condition d’avoir un minimum de demandes de postes dans une même spécialité et catégorie. Aujourd’hui ce nombre est de 3 demandes. La BnF et d’autres institutions comme les Archives nationales ont une responsabilité dans le maintien de nos spécialités dans la filière. Nous sommes prêts à vous aider sur ces points très techniques.

Vous souhaitez attendre la mise en place d’une GPEEC (gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences) « métiers d’art » pour savoir combien de postes seront à pourvoir en raison des départs en retraite et ensuite de demander l’ouverture de concours au ministère.

Nous vous affirmons au contraire que les besoins sont connus depuis longtemps (nous vous avons fourni un tableau très précis cet automne) et qu’il faut absolument anticiper la transmission des savoirs et leur pérennisation par un personnel fonctionnaire en demandant au ministère de prévoir dès maintenant l’ouverture de concours dans nos diverses spécialités, et prévoir une création importante de postes. Nous réitérons aussi notre demande de régularisation des primes d’ancienneté avec rétroactivité (depuis juin 2021) dues aux personnels du ministère de la Culture.

Veuillez agréer, Madame la Présidente, nos sincères salutations.

Les métiers d’Art réunis en assemblée générale les 1^er et 6 février 2024