Entretien avec le nouveau président de la BnF, en présence du directeur général et de la directrice de l’administration et du personnel.
QUESTION 1 : En mars dernier, Laurence Engel a déclaré dans la presse que par son non renouvellement à la tête de la BnF, l’exécutif souhaitait donner à la Bibliothèque « un nouveau cap dans une nouvelle donne budgétaire ». Nous souhaitons savoir quelle est la nouvelle donne budgétaire évoquée par Laurence Engel au moment de votre nomination?
Gilles Pécout n’a pas à ce jour de lettre de mission. Il déclare d’emblée ne pas avoir reçu de « directives d’ordre budgétaire » mais avoir « un cap » et se placer « dans le sillage de ses prédécesseurs » dans la poursuite des « grands chantiers en cours et à venir » de l’établissement. Il s’engage à « maintenir la trajectoire et les objectifs fixés » et que « maintenir n’est pas couper ».
Commentaire de la CGT : maintenir les budgets n’est pas suffisant, rappelons qu’en fin d’année 2023, le ministère de la Culture a dû abonder le budget de la BnF de près 9 millions d’euros pour combler le déficit de l’établissement lié à l’inflation.
QUESTION 2 : Comptez-vous, à la suite de votre prédécesseure, faire de l’obtention de la prime d’ancienneté une priorité ?
Le président assure « porter la demande clairement », représentant un budget de 1,6 millions d’euros/an. La CGT précise que cela implique de « se battre » vraiment auprès du Ministère, le président assure en être conscient et y être prêt.
QUESTION 3 : Allez-vous vous engager à augmenter la prime de fin d’année ?
Le président ne s’y engage pas mais souhaite augmenter le CIA (modulable pour les catégories A en fonction de l’évaluation du chef de service contrairement à la prime de fin d’année > voir ici) en évoquant l’incidence de la rémunération et des primes sur l’attractivité de l’établissement en termes d’emploi. La CGT précise que l’attractivité ne dépend pas seulement de la politique indemnitaire, mais aussi des conditions de travail. A titre d’exemple, sur les 20 collègues recrutés à ce jour dans le cadre du recrutement sans concours de magasiniers (2023), 2 ont démissionné, et donc renoncé à un poste d’agent titulaire, en se plaignant des conditions de travail, ce qui est loin d’être anodin.
QUESTION 4 : Comptez-vous vous opposer à toutes nouvelles suppressions de postes à la BnF et réclamer des créations de postes ?
Gilles Pécout assure que « le premier objectif est la stabilisation des effectifs ».
La CGT rappelle le transfert non compensé de 40 postes du site François Mitterrand vers Richelieu dans le cadre de sa réouverture complète (Musée, nouveaux services, salle Ovale…) et craint le même phénomène avec le projet Amiens. La direction générale assure que les effectifs d’Amiens correspondront à ceux de Bussy + Sablé. Cependant nous pensons que tous les agents de ces deux sites n’iront pas en Picardie, et qu’en conséquence des emplois sur les sites parisiens seront supprimés pour pourvoir ceux d’Amiens
QUESTION 5 : Vous engagez-vous à appeler l’intégralité de la liste complémentaire du dernier recrutement sans concours de magasinier ?
Pas d’engagement, la direction générale affirme vouloir trouver un équilibre entre le plan de dé-précarisation (« vacataires » passant à temps plein), la liste complémentaire du dernier recrutement sans concours et les besoins en mobilité des personnels.
QUESTION 6 : Comptez-vous augmenter l’ouverture de postes au concours dans toutes les filières professionnelles, notamment dans la filière d’art dont on déplore les baisses d’effectifs importantes mettant en danger la préservation des collections ?
Sur les métiers d’art pour lesquels il a fallu une intervention de la CGT au ministère pour obtenir 4 ouvertures de postes aux prochains concours (ce qui est très insuffisant) alors que la BnF n’avait rien prévu en dépit des besoins, le président précise que cet enjeu est bien pris en compte et prioritaire dans la perspective d’Amiens.
QUESTION 7 : Comptez-vous revenir sur la réforme du service public de 2022 et vous engager à tenir compte des alertes de la CGT sur la dégradation des conditions de travail des magasiniers et des ACTI (les « vacataires ») ?
La CGT rappelle les conséquences de la réforme pour les équipes de magasinage dont les conditions de travail se sont dégradées. Conséquences dénoncées depuis 2 ans sans réponse de l’administration.
Le président répond que des mesures ont été mises en œuvre ou sont en cours (stations TAD, espaces de repos) pour l’amélioration des conditions de travail. Il évoque la tenue de réflexions sur le sujet de l’organisation du travail mais avoue ignorer « les marges d’action ».
QUESTION 8 : Comptez-vous poursuivre la politique d’amélioration des conditions de travail et de la santé des personnels et en faire une priorité en augmentant les moyens dédiés ?
Pour la CGT, le sujet est central et nous évoquons les nombreuses difficultés, par exemple les cas de souffrance au travail (burn out) et les 74 480 heures écrêtées chaque année, correspondant à 46 emplois à temps plein. Il s’agit d’heures faites au-delà du temps de travail réglementaire et non récupérées par les agents. Sans ce travail consenti par les agents, la BnF ne pourrait pas fonctionner pleinement.
La direction générale rappelle que 500 000 euros/an sont pérennisés jusqu’en 2028 pour le financement de l’amélioration des conditions de travail.
La CGT insiste sur l’importance du soutien à la médecine de prévention dans un contexte de recrutement défavorable.
QUESTION 9 : Alors que le nombre d’entrée de documents au titre du dépôt légal ne cesse de croitre, + 18,6% en 10 ans (88 760 livres en 2023 contre 74 818 en 2013), comptez-vous revenir sur le Schéma directeur immobilier de la BnF afin de permettre l’accueil des collections sur le site François Mitterrand et leur accès aux lecteurs, mission fondamentale de la BnF ?
Le président affirme qu’il n’y a pas de « concurrence » entre la libération d’espaces sur le site FM et le projet Amiens. Mais cette libération d’espaces va entraîner des réorganisations dans une démarche de gestion dynamique des collections tout en soutenant l’objectif de créer sur le site (pas seulement dans la tour T2) 200 à 300 postes en lumière du jour pour les magasiniers.
La CGT demande à l’administration d’informer les agents sur les conséquences du projet Amiens et les futurs déménagements. La direction générale répond qu’il est préférable de ne pas informer trop tôt afin de partager des informations sûres…
Par ailleurs, et d’après nos informations, une partie des étages du site François Mitterrand libérée des collections délocalisées dans le futur centre de conservation à Amiens devraient être louées. Sur ce point la direction a refusé de répondre clairement.
QUESTION 10 : Allez-vous cesser la privatisation de l’espace public de la bibliothèque à des fins commerciales ?
Le président, favorable à ces opérations lucratives, pense que « valoriser les espaces ne veut pas dire les privatiser ». La CGT maintient son opposition à ces pratiques qui nécessitent la mobilisation des agents dans le cadre d’événements privés, qui détériorent leurs conditions de travail (un accident grave dans la salle Ovale par exemple) et qui n’ont rien à voir avec les missions de la BnF.
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