Depuis le début des années 2000 on assiste en France à une accélération de la marchandisation du bien public y compris dans le domaine du patrimoine. A la BnF, cette politique de privatisation partielle ou totale touche tout autant des espaces (l’installation de plusieurs salles de cinéma du groupe MK2 dans la bibliothèque : ici ), que des immeubles entiers (la vente très probable du 2 rue Louvois accueillant le département de la Musique : ici), ou encore les ouvrages numérisés de la BnF (ici). Il y a pourtant un autre domaine, sur lequel notre direction ne communique pas : le départ de pièces rares louées pour des durées hors norme aux Emirats arabes unis afin d’être exposées dans un musée dont le nom Louvre a également été « acheté »… Retour sur cet épisode peu glorieux, avec un article tiré du journal DLV de la CGT BnF de mars 2011 :
« ► 2011 : la BnF devient le troisième exposant le plus important du Musée du Louvre d’Abou Dhabi ! Il y a des classements que l’on aimerait oublier tant il y a d’éléments dérangeants, voir révoltants, dans cette affaire : un musée réservé aux plus riches, des travailleurs surexploités pour le construire, une marchandisation des œuvres, des prêts de longue durée, un projet scientifique contestable, enfin bref, dans cette histoire rien ne va !
► Îlot de luxe et mains d’œuvre étrangères surexploitées. C’est sur l’île de Saadiyat, au sein d’un immense complexe touristico-culturel de luxe, comprenant des marinas, des terrains de golf, des centres commerciaux, des palais, des hôtels… que va s’implanter le «Louvre d’Abou Dhabi». Ce gigantesque programme de 2 700 hectares, estimé à quelques 27 milliards de dollars, se construit pourtant, comme l’a révélé Human Rights Watch dans un long rapport publié en 2009 (ici), grâce à des travailleurs étrangers surexploités. Des situations qui, dans certains cas, sont proches du travail forcé ! Pouvait-on trouver plus abject pour bâtir un musée réservé à une minorité de privilégiés ?
► L’Agence France-Muséums ou les petits commerçants du patrimoine. Cette agence a été créée en 2007 à Paris, conformément à l’accord intergouvernemental signé entre la France et les Emirats Arabes Unis. Elle regroupe, au sein d’une société de droit privé, douze établissements publics culturels, dont la BnF. L’agence doit fournir, à partir de 2014, 300 pièces conservées dans les musées français et à la BnF dans le cadre de prêts rémunérés. Cette pratique, qui a scandalisé bon nombre de personnalités, de conservateurs du patrimoine, d’historiens de l’Art… va à l’encontre de la gratuité des échanges entre les musées qui prévaut généralement. C’est un pas de plus vers la marchandisation des patrimoines nationaux… (voir aussi : ici)
Selon le Monde, les pièces louées à Abou Dhabi resteront bloquées en moyenne 1 an aux Emirats, c’est à dire 3 à 4 fois plus longtemps que pour une exposition temporaire ordinaire ! On peut légitimement s’inquiéter pour la conservation de ces pièces, et contester le fait qu’elles soient absentes si longtemps des collections publiques.
► Un non-projet scientifique ! Comme le soulignait la presse lors de la présentation du projet, comment peut-on parler d’un «programme scientifique» lorsque l’on entend traiter en 300 œuvres, couvrant toutes les époques et toutes les civilisations, l’histoire de l’art mondiale depuis le paléolithique. Deuxième aspect tout à fait discutable, la possibilité laissée aux Emirats d’intervenir dans le choix des œuvres. En effet, les pièces retenues doivent être validées par une commission émiratie qui possède un droit de veto. S’il y a véto, forcément il y aura possibilité de censure, à moins que l’autocensure vienne préventivement sauver la « bonne morale » ! Enfin bref, on comprendra ici que le conseil scientifique de France-Muséums, composé de 9 personnes et où la BnF est représentée, sert de faire valoir à un projet avant tout politique et commercial. »
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