Le 26 novembre 2012, le Président Racine annonçait l’instruction de 25 pistes « d’optimisation » censées dégager des économies pour répondre à la baisse des subventions du Ministère de la culture. Parmi ces pistes, la première consistait à réduire le nombre d’exemplaires déposés à la BnF par les éditeurs (1 au lieu de 2) et à réorganiser les services du Dépôt légal qui s’en occupent.
Pour mémoire, le premier de ces exemplaires est conservé à la BnF et constitue la collection patrimoniale. Le second est redistribué aux 58 bibliothèques conventionnées réparties sur tout le territoire (par exemple la Bibliothèque des littératures policières, BILIPO ou la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, CNBDI). Voir aussi notre précédent article : ici
► UN PROJET LANCÉ SANS CONCERTATION AUX LOURDES CONSÉQUENCES…
Cependant tout ne se déroule pas comme annoncé. Les 58 bibliothèques partenaires n’ont jamais été consultées et ont simplement été averties par courrier en janvier 2013 que la redistribution du 2e exemplaire cesserait en janvier 2015. Pour les bibliothèques dépositaires, cela signifie 35000 livres et 5000 périodiques en moins dans leurs collections. Le Centre de la BD d’Angoulême doit par exemple trouver 50.000 euros pour pallier l’arrêt du dépôt.
De nouvelles conventions ou partenariats devaient être proposées par la BnF aux établissements concernés mais il semblerait que l’instruction des projets soit plus compliquée que prévu, d’autant que le Ministère de la culture ne s’est pas « empressé » sur ce dossier, lui aussi étant mis devant le fait accompli. Aujourd’hui, la BnF attend toujours la modification du Code du patrimoine obligeant les éditeurs à déposer un seul exemplaire.
► … POUR FINIR PAR PILONNER DES LIVRES NEUFS
Depuis le 10 décembre, anticipant l’arrêt de la redistribution du 2e exemplaire annoncé pour le 1er janvier 2015, la BnF pilonne donc des livres (une centaine d’unités par jour) et des périodiques ! Devant le flottement actuel, certains établissements s’adressent directement aux éditeurs pour leur demander un dépôt volontaire en remplacement du second exemplaire.
Ainsi, la BnF se retrouve dans une position pour le moins inconfortable. Comptable des documents reçus au titre du dépôt légal et censée garantir la conservation du patrimoine écrit, elle en arrive à détruire des documents (même si ce sont des doubles) faute d’avoir anticipé et organisé une réforme dont elle n’a pas été capable de prendre toute la mesure. Menée dans la précipitation et sans concertation, cette réforme inaboutie s’achève avec la pire des solutions : le pilonnage d’ouvrages neufs, un gâchis choquant et de l’entière responsabilité de la BnF.
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