Les deux dernières affaires de vols – présumé au département des Cartes et plans (CPL), avéré au département des Estampes (EST) – qui ont touché ce printemps la BnF, soulignent une fois encore la fragilité de collections patrimoniales conservées sur le site de Richelieu.
Car ces vols, tout comme celui en 2004 au sein du département des Manuscrits, impliquent, non pas des lecteurs de la bibliothèque, mais des personnels. Concernant les estampes dérobées (estimées à plusieurs centaines de milliers d’euros d’après le Canard enchaîné), un agent de l’établissement est désormais en détention. Aux CPL, tout laisse à penser, au vu de la volumétrie des atlas dont l’absence a été relevée au mois de mai, que cette disparition implique également un agent de la BnF.
► La BnF a renforcé la sécurité du site mais ces mesures ne suffiront pas
Fouilles aléatoires à la sortie, installations de caméra dans certains magasins… Ces mesures ne suffiront pas face au vrai problème que connait le site Richelieu : l’accumulation de fonds dont les contenus ne sont pas référencés avec précision. En effet, sans description des collections, il est quasi-impossible de repérer les documents volés lors des ventes. Depuis trop d’années, la faiblesse des effectifs ne permet pas de mener à bien ce travail de signalement pourtant essentiel et ce n’est pas avec les 260 emplois supprimés depuis 2009 que la BnF pourra s’atteler à ce vaste chantier.
► Le site de Richelieu se meurt ?
Aujourd’hui, la plupart des salles de lectures des départements spécialisés ne compte plus que quelques lecteurs, certaines sont même quasi désertes en semaine. Il faut dire que Richelieu, malgré l’énorme chantier de rénovation commencé il y a plusieurs années, reste une bibliothèque du XXème siècle, si ce n’est du XIXème siècle, avec ses fichiers et catalogues papiers, ses collections non référencées dans les catalogues informatiques, ses demandes de communication sur bulletins papiers, ses fonds non signalés qui s’accumulent faute de personnels… Il est certain qu’avec la diminution historique de la subvention du Ministère de la culture (moins 10 millions d’euros en 5 ans), la BnF et ses personnels ne parviendront pas à faire ce bond qualitatif, à savoir inscrire Richelieu et ses fabuleuses collections dans notre XXI siècle. Il en va, désormais, de la responsabilité du Ministère de la culture.
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