La CGT est intervenue cette année au Conseil d’administration de la BnF avec la représentante des lecteurs et des lectrices du Rez-de-Jardin pour dénoncer la guerre à Gaza et plus particulièrement concernant la destruction du patrimoine et matrimoine palestinien (ici).
Le but de cette intervention était que la direction de la BnF mette en œuvre des actions de soutien et d’accompagnement pour sauvegarder ce qu’il reste du patrimoine écrit à Gaza et possiblement venir en aide aux collègues bibliothécaires comme cela a été le cas lors de l’invasion de l’Ukraine en 2022 (entre autres programme Pause). L’Association des bibliothécaires de France (l’ABF) a également fait un communiqué en ce sens (ici). La direction s’est alors engagée à ce que cette question soit abordée au prochain Conseil d’administration du 2 décembre.
La CGT BnF a enfin écrit au président de la BnF (ici) pour réclamer, entre autres, la fin de tout partenariat, convention, mécénat ou collaboration avec des entreprises qui, de par leurs financements, contrats ou soutiens, participent aux politiques israéliennes de violation du droit international.
Au vu des réponses très insuffisantes de l’administration sur l’ensemble de ces sujets, la CGT BnF a décidé d’interpeller à nouveau la direction de la BnF :
« Monsieur le président, Monsieur le Directeur général,
La CGT-BnF accuse réception de votre réponse concernant le positionnement de la Bibliothèque nationale de France relativement à la situation en Palestine.
Nous nous permettons néanmoins de réagir à certains points de votre courrier :
L’hommage fait en mai 2025 fait aux poétes·ses palestinien·nes assassiné·es parait en toute objectivité un élément de communication bien mince. D’autant plus que, malheureusement, cet élément est bien seul et même : c’est le seul élément de communication existant à ce jour. La vérité est que la BnF s’est perdue dans un silence assourdissant que l’on ne peut s’empêcher de comparer à la riche communication dont ont fait l’objet d’autres causes tout aussi légitimes – le soutien à l’Ukraine par exemple.
Que dire des partenariats avec des institutions gazaouies mentionnés, alors que vos exemples se limitent à celui qui est en cours avec l’École biblique et archéologique française de… Jérusalem ?
Votre souci « de répondre aux demandes de coopération et d’appui technique ou scientifique ciblé, quand elles lui sont adressées par des acteurs étrangers, ce qui n’a pas, jusqu’à présent, été le cas depuis Gaza » est très louable. Cependant les institutions culturelles gazaouies en particulier dédiées au patrimoine et matrimoine, comme le monde entier le sait, n’étaient pas et ne sont sans doute toujours pas en mesure de formuler une demande d’aide circonstanciée. Elles ont été, d’emblée, avec leurs personnels, cibles des bombardements. Faut-il préciser que le niveau des destructions dans la bande de Gaza dépasse les 80 %, et 90 % à Gaza-Ville même ?
Rappelons, en outre, qu’une demande a été portée par l’ONG Academic Solidarity with Palestine, à laquelle la BnF a proposé une formation à l’outil de recherche de Gallica, à distance ou via une capsule vidéo. Cette réponse qui a bien le mérite d’exister fait pourtant montre d’une méconnaissance des usager·es, et notamment des étudiant·es, qui ont avant tout besoin d’accéder à des ressources récentes. Des bibliothèques aux Etats-Unis d’Amérique, de pays de l’Union européenne et de pays arabes se sont ainsi mobilisées en offrant l’accès à leurs ressources numériques récentes.
Si des dons de livres sont envisagés pour les futures bibliothèques reconstruites à Gaza : de quels types d’ouvrages s’agira-t-il ? En quelles langues ? Seront-ils récents ? En adéquation avec les besoins (des enfants, des écoliers, des étudiants etc., car des bibliothèques de tous types et niveaux ont été ciblées et détruites) ?
Nous nous réjouissons de l’accueil prochain d’une poétesse palestinienne, même si cette mise en œuvre du programme PAUSE nous paraît bien tardive, et insuffisante au regard des besoins considérables et des efforts consentis par notre établissement pour les ressortissants d’autres pays – l’Ukraine, par exemple.
La note concernant l’action européenne et internationale en 2025/2026 présentée au Conseil scientifique du 15 octobre dernier rappelle en page 7 : « En coordination avec la tutelle, la France étant partie de la convention de La Haye sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, la BnF est historiquement une institution engagée pour la sauvegarde du patrimoine écrit dans des pays ou des régions du monde en proie à des guerres régionales, à des conflits civils ou à des menaces climatiques compromettant l’intégrité ou la pérennité des fonds patrimoniaux »
Concernant les territoires palestiniens (bande de Gaza et Cisjordanie), la BnF nous semble incontestablement en deçà de ses « missions de sauvegarde du patrimoine écrit » menacé.Pour toutes ces raisons, Monsieur le Directeur général, Monsieur le Président, et sans minimiser votre volonté personnelle d’engagement, nous attendons de la présentation prévue lors du Conseil d’administration du 2 décembre qu’elle témoigne de davantage d’ambition.
Nous attendons que la BnF s’engage sur ce sujet crucial qu’est la destruction menée à dessein, inouïe, de la quasi-totalité du patrimoine archivistique et livresque d’un territoire et d’un peuple isolé des siens dans la bande de Gaza.
Mieux, nous attendons que la BnF sollicite ses autorités de tutelle pour qu’elles lui autorisent d’être à la hauteur d’une catastrophe humaine et culturelle, catastrophe qu’il est désormais possible de qualifier de culturicide.
La BnF possède les moyens techniques suffisants pour inventer une plateforme technique de partage de ressources numériques qui puisse être exploitées depuis la bande de Gaza même (qui dispose d’une faible bande passante). Elle peut aussi choisir de mettre à l’honneur des initiatives qui sont institutionnelles, non-partisanes, des initiatives qui travaillent pour la paix et la reconstruction et qui ont besoin d’un soutien pour exister. Elle peut enfin demander à débloquer un budget pour accueillir des lauréats réfugiés du programme Pause, qui pourraient aider à enrichir ces initiatives.
Dans cette perspective, Monsieur le Directeur général, Monsieur le Président, nous réitérons ici notre profonde préoccupation concernant cette inaction scandaleuse de la BnF qui dure maintenant depuis 2 ans. Si l’Etat de Palestine a été reconnu par la France, la BnF doit aussi, impérativement, donner l’exemple en Europe, dans le monde même, en sollicitant les grandes institutions européennes qui sont ses partenaires pour favoriser la diplomatie par les livres et la restauration des patrimoines détruits.
C’est dans ce contexte que nous vous rappelons les mots du président François Mitterrand qui décrivait la BnF comme « l’un des vrais instruments du droit des peuples et des individus au savoir », « une arme dans le combat de la liberté ».
La CGT-BnF vous fait donc part à nouveau de sa très grande attente sur ce sujet éminemment crucial.
Veuillez agréer, messieurs, nos salutations syndicales »
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