COMPTE-RENDU CGT DE LA F3SCT DE LA BNF DU O8/09/2025
COMPTE-RENDU CGT DE LA F3SCT DE LA BNF DU O8/09/2025
La F3SCT (formation spécialisée santé sécurité et conditions de travail) est la nouvelle dénomination du CHSCT. Cette instance est présidée par le Directeur Général de la BnF.
Cette F3SCT exceptionnelle concerne le projet architectural d’Amiens
La CGT obligée d’intervenir pour que le projet soit présenté
Alors que la législation prévoit une présentation obligatoire aux représentants du personnel des plans et aménagements en cas de construction de nouveaux locaux de travail, il a fallu que la CGT intervienne pour que le projet soit présenté en instance.
Un dialogue social entravé
Si le projet architectural est connu depuis le 7 mars, la CGT n’a pu consulter les documents que fin août, soit quasiment 6 mois plus tard et n’a eu que 15 jours pour étudier les 400 pages du projet.
Des documents malgré tout lacunaires
Malgré nos demandes préalables, il manque par exemple la superficie des bureaux et des ateliers et le nombre de personnes pouvant y travaillant, ainsi le taux d’occupation est inconnu, etc.
Nos demandes d’informations complémentaires (voir à la fin de ce CR) ont été votées par l’ensemble des représentants du personnel sauf la CFDT. Les documents seront fournis lors d’une prochaine F3SCT.
Les grandes lignes du projet architectural
Le calendrier se précise :
- octobre : dépôt des permis de construire
- avril-octobre 2026 : consultation des entreprises
- fin 2026 : lancement des travaux
- mi 2029 : réception du chantier
- fin 2029 : mise en service
Budget insuffisant = projet revu à la baisse
Faute de financement supplémentaire et malgré un budget de 110 millions d’euros (1/3 collectivités locales, 1/3 ministère, 1/3 BnF), le projet a été revu à la baisse :
- Le bâtiment de travail passe de 3 à 2 étages
- Les capacités de stockage des collections dans le magasin robotisé passent de 280 à 260 km (moins 20 km)
- L’option de désinfection est abandonnée, etc.
Le projet architectural présenté aux tutelles ministérielles fin septembre doit être validé ainsi que le plan de financement. L’administration précise que le projet peut être évalué à la baisse par les tutelles en raison des plans d’austérité budgétaires du gouvernement.
L’effectif maximal du site envisagé
La direction table sur un effectif maximal de 142 agents, prestataires extérieurs compris, occupant deux corps de bâtiments.
Le bâtiment de travail dit W
Le bâtiment est réduit à 2 étages (au lieu de 3 initialement) et regroupe :
- des espaces techniques pour les collections et les installations (« rez-de-chaussée bas »)
- des espaces de bureaux (« rez-de-chaussée bas » et « rez-de-chaussée haut »)
- des ateliers de numérisation (1er étage)
- des ateliers de restauration (2e étage)
Il est conçu autour d’un patio non accessible comme à Tolbiac et le bâtiment comporte de vastes baies vitrées (la CGT a demandé des stores intérieurs). Le « rez-de-chaussée bas » est par contre semi-enterré.
Les circulations sont spacieuses pour faciliter la manipulation de chariots et des portes automatiques seront installées dans les couloirs les plus utilisés (demande CGT). Un monte-charge et un agenceur desservent les étages.
Trois quais de déchargement sont prévus dont un sécurisé. L’estimation actuelle des navettes entre Paris et Amiens planifie environ 300 demandes et 300 retours de documents par jour.
La CGT-BnF a pointé plusieurs sujets sur lesquels elle restera vigilante :
1. Des locaux de travail sans ou avec peu de lumière du jour :
Si le projet évite les bureaux sans lumière du jour comme à Tolbiac, il n’est pas exempt de locaux de travail posant problème :
- un atelier de dépoussiérage en local aveugle (alors qu’à Bussy il est en lumière du jour)
- des bureaux semi-enterrés donnant sur une fosse en « rez-de-chaussée bas »
La CGT a réclamé le déplacement de l’atelier de dépoussiérage afin qu’il soit en lumière naturelle comme le prévoit la réglementation. Accord de l’administration pour instruire le sujet.
2. Des bureaux en open-space démesurés
Les bureaux des magasiniers et de l’équipe catalogage (respectivement de 12 et 10 personnes) sont des plateaux sans cloisons, ni intimité. Un autre bureau destiné au service des Collections compte 8 postes de travail dans le même espace. Pour la CGT, ce type d’aménagement est vecteur de difficultés et de tensions au travail. La CGT a demandé une révision de ces aménagements avec la mise en place de cloisons. La direction va étudier le sujet.
3. La question de la restauration collective et les espaces dédiés aux personnels
Le site dispose d’une salle de restauration de 60 places équipées mais pas de son propre restaurant du personnel dans un quartier sans commerces et services à proximité. La ville d’Amiens prévoit néanmoins une cantine inter-administratif proche pour 2028 dans le cadre du réaménagement du quartier.
La CGT a demandé une instruction afin d’examiner l’installation d’une cantine sur place, cela est possible sachant qu’il y aura plus d’une centaine de personnes employées sur le site.
Enfin, bien que le bâtiment et le site en général comportent des espaces de pause, il n’en n’existe aucun où il est possible de s’isoler. La CGT a également rappelé son attachement à des aménagements tels que des salles d’allaitement, notamment dans le cadre de notre revendication d’un congé de santé hormonal et d’un plan d’action égalité femmes-hommes.
Les ateliers dans les étages
- ateliers de numérisation au 1er étage modulables en fonction des collections à traiter
- ateliers de restauration des collections au 2e et dernier étage
Dans les ateliers de restauration, il manque des zones humides (1 seule pour le moment pour tous les ateliers), un espace de stockage conséquent pour les matériaux et fournitures. Certains espaces sont mal conçus (reliure/dorure réunies, zone salissante accolée à la zone humide) et il manque des espaces de repos où les agents peuvent s’isoler.
Enfin, ces ateliers sont globalement conçus en open-space. La CGT rappelle encore une fois que ces dispositifs sont vecteurs de difficultés et de tensions au travail.
La CGT demande que l’ensemble des personnes travaillant dans les ateliers soient étroitement associées à l’élaboration de ces espaces, concernant l’organisation des activités, des circulations, etc. Nous demandons également que la BnF veille à ce que les agents disposent d’établis (2 par personne) et de postes informatiques (sur lesquels sont suivis les dossiers et réalisés les constats d’état…) en nombre suffisant.
Si le projet n’est plus amendable sur le plan structurel, il est encore possible de faire évoluer les espaces intérieurs volontairement conçus avec une certaine souplesse. Les plans de ces aménagements doivent être prêts pour janvier 2026.
Le bâtiment de conservation (avec le magasin robotisé), dit M
L’espace ouvert au public
Ce bâtiment consacrera 247m2 en rez-de-chaussée à l’accueil des publics sur rdv (chercheurs, scolaires, etc., une demande des collectivités locales co-financeuses du projet). Sur ces 247m2, 57 m2 est dédié à la consultation des documents.
Le magasin robotisé et le hall de travail des magasiniers
L’essentiel du bâtiment M contient un grand magasin robotisé à oxygène raréfié conservant les collections et la zone de prélèvement pour les magasiniers qui réceptionneront les documents arrivant du magasin.
A terme et lorsque le déplacement des collections sera achevé (prévu sur 3 ans pour 150 km), les cadences de prélèvement-rangement risquent d’être très soutenues (estimation d’environ 300 demandes et 300 retours de documents par jour soit 3000 par semaine). Rappelons que les documents présents à Amiens seront toujours consultables sur les autres sites et devront partir par navette pour être communiqués aux lecteurs.
La CGT demande une organisation du travail avec des plages courtes et les effectifs nécessaires.
Conditions de travail des magasiniers
La zone de prélèvement pose de nombreuses questions en termes de conditions de travail :
- elle se situe dans un vaste espace semi enterré avec peu de lumière du jour
- les documents seront rangés selon la méthode « Tetris » dans des « superbacs » de 1m20 sur 80cm et de 26 à 36 cm de profondeur prélevés par les robots
- le travail se fera debout selon une méthode digne d’Amazon devant un tapis roulant amenant les « superbacs »
- pour sélectionner le bon ouvrage ou périodique, il faudra sortir les documents présents dans le bac
- il y aura environ 3000 documents par semaine à prélever et à ranger dans les bacs.
Au vu du nombre de manipulations, des ports de charge ainsi que des cadences de travail qui pourraient être fortes, la CGT a réclamé une meilleure prise en compte des conditions de travail dans l’aménagement de cet espace, des effectifs renforcés, et sera très vigilante quant à l’ergonomie des équipements et à l’organisation du travail (plages courtes, diversification des tâches…).
En raison de l’absence de certaines données et études concernant les conditions de travail, la CGT a soumis au vote les demandes suivantes :
Suite à la présentation des plans du centre de conservation, nous formulons l’avis suivant :
- Supprimer les locaux de travail sans lumière du jour
- Établir la densité d’occupation de chaque bureau, vérifier les aménagements proposés en prenant en compte les normes existantes et les risques-psycho-sociaux
- Évaluer l’impact des espaces de travail semi enterrés en termes de risques psycho-sociaux : bureaux du rez-de-chaussée bas du bâtiment W et station de prélèvement du bâtiment M
- Vérifier l’ergonomie de la station de prélèvement du bâtiment M et prendre l’attache d’un ergonome pour l’ensemble de l’aménagement des postes de travail
- Vérifier l’adéquation des espaces de travail et leurs aménagements avec les tâches à effectuer dans les ateliers du bâtiment W en prenant en compte le nombre d’occupants
- Consulter les personnels concernés.
Nos demandes d’informations complémentaires ont été votées par l’ensemble des représentants du personnel sauf la CFDT. Les documents seront fournis par l’administration lors d’une prochaine F3SCT.