Si l’Etat et la fonction publique dans ses trois versants (Etat, territoriale, hospitalière) se doivent de donner l’exemple en matière d’égalité de genre, on est encore loin du compte. Les femmes continuent à être plus précaires que les hommes, moins bien rémunérées, notamment parce que beaucoup de métiers – où elles sont plus nombreuses – sont plus mal reconnus. Elles sont soumises à un plafond de verre réduisant leur évolution de carrière et pâtissent pour toutes ces raisons de plus faibles retraites.
C’est ce que confirme un rapport de la DGAFP présenté aux organisations syndicales le 9 janvier dernier. Le rapport confirme que les inégalités de genre entre les agents publics demeurent fortes. Il en en va ainsi des rémunérations et des carrières. En 2015, les femmes employées dans la fonction publique territoriale percevaient une rémunération nette moyenne inférieure de 9,9% à celle des hommes, ces chiffres sont de 14,4% dans la fonction publique d’Etat et 20,9% dans l’hospitalière.
Le rapport note également que seuls 27% des postes fonctionnels de direction sont occupés par des femmes. Elles ne représentant que 38% des fonctionnaires les mieux rémunérés et les plus diplômés alors qu’elles constituent 61% de la catégorie A. Ces chiffres sont à mettre en regard avec les politiques publiques comme la RGPP (révision générale des politiques publiques), la MAP (modernisation de l’action publique) et les réformes des services déconcentrés qui ont particulièrement fragilisé les carrières au féminin, du fait de mobilités contraintes liées à des fusions-restructurations ou du « goulot d’étranglement » ainsi créé pour des évolutions dont les hommes ont davantage bénéficié.
Déjà en rétablissant en novembre dernier le jour de carence en cas de maladie pour les fonctionnaires, les parlementaires avaient cédé au gouvernement pour le rétablir également aux femmes enceintes. Quant aux rattrapages salariales dont tous et toutes ont besoin, ils ne sont pas prévus puisque le gel du point d’indice bloque les salaires. C’est dans ce contexte que le locataire de l’Elysée a annoncé la suppression de 120 000 emplois dans la fonction publique, avec un recours accru à la précarité, les contractuels représentants déjà plus de 15% du total des agents (majoritairement des femmes).
Il souhaite aussi des rémunérations individualisées, alors que celles-ci reposent aujourd’hui sur un socle commun (le point d’indice). Le gouvernement souhaite recourir davantage aux promotions individuelles. Quels en seront, pour tous, les critères ? Qu’en sera t-il pour les femmes absentes durant plusieurs mois lors de leur grossesse, puis pénalisées par des horaires souvent contraints, notamment par l’arrivée de jeunes enfants ? Le gouvernement ne s’arrête pas là puisqu’il veut aussi « simplifier » les instances représentatives du personnel en les fusionnant comme il l’a déjà fait dans le privé. Les femmes victimes de violences, qui ont déjà beaucoup de mal à en parler et à s’adresser aux élus des CHSCT, apprécieront…
La CGT réclame des actes forts au-delà des effets de communication du gouvernement. Il s’agit d’obtenir la revalorisation des métiers à prédominance féminine, l’ouverture de négociations sur les grilles indiciaires qui prennent en considération les qualifications, et la résorption de la précarité. Les conséquences de la maternité doivent également être prises en compte qu’il s’agisse d’aménagement du temps de travail ou de gestion des carrières. Autre volet important : la prévention des violences sexistes et sexuelles et l’aide aux femmes victimes tant au travail qu’à l’extérieur, car toutes ont un impact sur la vie professionnelle. Mais sans moyens budgétaires supplémentaires, l’égalité professionnelle est un leurre. Tiré de la NVO, février 2018
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