
Entretien avec l’universitaire Vincent de Gaulejac* :
► Dans votre ouvrage, vous mettez en lumière l’émergence d’une société nouvelle où les individus sont soumis à des règles potentiellement pathogènes, en particulier dans le monde du travail.
► Comment se traduit pour les salariés le management par objectif, le mode projet… ?
On évalue les salariés sur leur capacité à remplir des objectifs et en même temps on réduit les moyens indispensables pour cela. S’ils n’y parviennent pas, ce n’est pas le système qui les met en difficultés qui est mis en cause, mais eux-mêmes, qualifiés d’incompétents ou accusés de ne pas travailler suffisamment. La « révolution managériale » – pour reprendre la formule utilisée par le Medef dans les années 90 pour désigner le management par projet, par objectif, l’évaluation par résultat, le lean manufacturing… – a commencé dans les multinationales dans les années 60. Puis, celles-ci ont « vendu » ces pratiques à leurs clients et fournisseurs, via les cabinets de consultants. Puis cela s’est diffusé d’abord dans le secteur marchand pour la modernisation des entreprises publiques comme EDF, GDF, France Telecom ou Pôle emploi… Puis également dans le secteur non marchand et dans le secteur public, voire dans le secteur associatif.
► Comment décrire les effets de ce management sur l’organisation du travail ?
C’est en quelque sorte le « toyotisme » : zéro délai, zéro défaut, qualité totale… et l’idée d’impliquer les travailleurs dans l’amélioration de la productivité, par exemple en réduisant tous les gestes inutiles. Au départ, il s’agit d’augmenter la rentabilité, en permettant à chacun de mieux travailler. Mais il y a un leurre, un piège : on demande aux travailleurs de s’aligner sur les meilleures pratiques, sur les performances, sur ceux qui ont les meilleurs taux de rentabilité. Ils s’attendent dès lors à une amélioration des conditions de travail, des rémunérations mais subissent à la place des réductions d’effectifs proportionnels à l’amélioration de la productivité. Le paradoxe de la compétitivité, c’est la « lutte » des places, une pression sur le travail avec réduction permanente des effectifs. On nous explique que pour réduire le chômage, il faut de la croissance, donc de la productivité qui amène à réduire les effectifs : pour réduire le chômage, il faudrait… l’augmenter.
*Extrait de l’entretien accordé à la NVO, mensuel de la CGT, juin 2015.Vincent de Gaulejac et Fabienne Hanique sont les auteurs de « Le capitalisme paradoxant, un système qui rend fou »
► Et à la Bibliothèque nationale de France
Dans le plan de formation 2015 de la BnF, la direction de l’établissement s’inscrit pleinement dans le management par objectif, le mode projet… en y consacrant près de 60.000 euros de budget tout en n’en dépensant que 16.000 pour « soigner » la souffrance au travail. Voir l’extrait du plan de formation : ICI
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