La Loi d’urgence du 22 mars 2020 contient plusieurs reculs au droit du travail : durée maximale du travail portée à 60 heures, entraves au droit aux congés, obligation de travailler le dimanche, etc. Les organisations syndicales ont dénoncé ces mesures exorbitantes pour les employeurs et en particulier pour les employeurs publics.
Plusieurs fois interpellé par les représentants du personnel sur la question des congés, le Ministère de la culture s’est pour le moment retranché derrière la notion de nécessité de service et a renvoyé la décision à chaque établissement.
D’ores et déjà, il semblerait que l’administration de la BnF ait tranché la question des congés. Les congés posés et validés sur la période du 17 mars au 15 avril ne pourraient pas être annulés ni reportés à la demande des agents. Si les supérieurs hiérarchiques ont déjà annulé les congés, ils sont priés de les rétablir. Ces mesures ne concerneraient pas les agents en télétravail ou en travail à distance qui pourraient modifier leurs congés s’ils le souhaitent.
Cette décision est particulièrement inéquitable et nuit gravement à l’égalité de traitement entre agents. Rappelons quelques réalités.
D’un point de vue réglementaire, le télétravail n’est possible que si les tâches sont télétravaillables et à la BnF de nombreux agents n’ont pas la possibilité de télétravailler du fait de leur emploi. C’est le cas des magasiniers, de la majorité des Bibas, des métiers d’art, des agents d’accueil, des métiers du bâtiment, etc. Depuis le 16 mars, l’ensemble de ces agents, et ils sont nombreux, sont en ASA, autorisation spéciale d’absence, mis d’office en confinement à leur domicile, parfois dans des situations difficiles (appartement exigu, enfants à la maison, famille monoparentale, situation de handicap, isolement, etc.) et sans possibilité de travailler.
Ensuite, les conditions actuelles ne permettent pas la mise en place satisfaisante et équitable du télétravail quand les tâches le permettent. Certains (une minorité) bénéficient d’un équipement informatique fourni par l’établissement et peuvent travailler presque normalement. Pour les autres, ceux qui utilisent leur propre appareil, peu d’applications et de fonctionnalités disponibles, des problèmes récurrents de connexion et c’est la galère. En réalité, le télétravail est largement improvisé et dégradé à la BnF.
Dans la situation exceptionnelle présente, la décision de la BnF manque particulièrement de bienveillance et risque encore de pénaliser les plus bas revenus (catégories C). La CGT ne peut pas accepter, qu’en pleine crise sanitaire, on retire des congés aux agents et elle s’oppose fermement à cette mesure injuste et inéquitable. C’est en réalité faire payer le confinement et la crise aux travailleurs en leur prélevant des congés.
La CGT demande expressément à la direction de la BnF de revenir sur sa décision et d’avoir une position bienveillante à ce sujet en gardant à l’esprit le maintien du collectif de travail et de la cohésion d’équipes. L’heure n’est pas à la précipitation, il sera toujours temps de trouver des solutions plus satisfaisantes et justes pour l’ensemble des personnels en sortie de crise.
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